< c1300 Grocheo
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Johannes de Grocheo, De musica, c1300.


Édition moderne, E. Rohloff, Die Quellenhandschriften zum Musiktraktat des Johannes de Grocheo, Leipzig, VEB Deutscher Verlag für Musik, 1967.


Johannes récuse la définition selon laquelle les règles modales s'appliqueraient à « tout chant » :

Describunt autem tonum quidam dicentes eum esse regulam, quae de omni cantu in fine iudicat. Sed isti videntur multipliciter peccare. Cum enim dicunt de omni cantu, videntur cantum civilem et mensuratum includere. Cantus autem iste per toni regulas forte non vadit nec per eas mensuratur. Et adhuc, si per eas mensuratur, non dicunt modum per quem nec de eo faciunt mentionem. Amplius autem, cum plures toni in fine conveniant, puta primus et secundus in d gravi, per hoc, quod dicunt in fine, non articulatam differentiam apponunt, nisi quis per hoc intellexerit principium et medium cum hoc esse. Amplius autem, cum dicunt iudicat, peccare videntur. Non enim regula iudicat, nisi quis metaphorice dicat. Sed et illud, mediante quo iudicat homo, quemadmodum instrumento mediante mechanicus operatur. Certains décrivent le ton en disant qu'il est une règle qui juge tout chant par sa fin. Mais ceux-là apparaissent pécher plusieurs fois. En effet lorsqu'ils disent « tout chant » ils semblent inclure le chant profane et mesuré [c'est-à-dire polyhonique]. Mais ce chant ne procède pas par les règles du ton ni n'est gouverné par elles. Et de plus, s'il était gouverné par elles, ils ne disent pas comment et n'en font pas mention. Plus encore, comme plusieurs tons s'accordent à la fin [ont la même finale], par exemple le premier et le deuxième sur D, lorsqu'ils disent « par sa fin » ils ne font pas de distinction claire, à moins que l'on comprenne que le début et le milieu sont compris avec elle. Et plus encore, lorsqu'ils disent « qui juge », ils paraissent pécher. En effet une règle ne juge pas, sinon par métaphore. Mais c'est ce par quoi un humain juge, comme un artisan par le moyen d'un outil.
Ampliantes autem dictam descriptionem, dicentes tonum esse regulam, per quam conoscimus medium et finem cuiuslibet meli, adhuc in aliquo vidantur peccantes, puta cum dicunt cuiuslibet. Non enim per tonum cognoscimus cantum vulgarem, puta cantilenam ductiam, stantipedem, quemadmodum superius dicebatur. Ceux qui amplifient la description susdite, disant que le ton est une règle par laquelle nous connaissons le milieu et la fin de n'importe quel chant, paraissent à nouveau pécher, à savoir quand ils disent « n'importe quel ». Nous ne reconnaissont pas en effet le chant vulgaire, comme la cantilena ductia ou le stantipes, par le ton, comme il a été dit ci-dessus.
Amplius dicentes tonum esse speciem uniuscuiusque diapason, in aliquo videantur deficere. Cum enim plures sint modi vel species diapason [quam octo] et super unumquemque tonum possit diapason collocari, plures essent toni quam octo. Sed tamen eos ad octo determinare videntur. Et ceux qui disent qu'un ton est l'espèce de n'importe quelle octave, is semblent manquer en quelque chose. En effet, comme il y a plus [que huit] modes ou espèces d'octave et que sur chaque ton on peut placer une octave, il y aurait plus que huit tons. Mais ils paraissent néanmois limiter ceux-ci à huit.
Temptemus igitur aliter describere et dicamus, quod tonus est regula, per quam quis potest omnem cantum ecclesiasticum cognoscere et de eo iudicare inspiciendo ad initium, medium vel ad finem. Dico autem hic regula, per quam, etc. quemadmodum in grammatica et in aliis artibus regulae inveniuntur generales propter cognitionem et facilem apprehensionem illorum, quae sub eis continentur. Dico etiam cantum ecclesiasticum, ut excludantur cantus publicus et praecise mensuratus, qui tonis non subiciuntur. Sed dico incipiendo etc., quoniam per hoc toni ad invicem distinguuntur. Tentons donc de [le] décrire autrement et disons que le ton est une règle par laquelle quiconque peut connaître tout chant ecclésiastique et en juger en considérant son début, son milieu et sa fin. Je dis « une règle par laquelle, etc. » de la même manière qu'on trouve en grammaire et dans d'autres arts des règles générales pour la cognition et la compréhension facile de ce qui s'y trouve contenu. Je dis de même «: chant ecclésiastique » pour exclure les chants publics et précisément mesurés, qui ne sont pas soumis aux tons. Mais je dis « son début, etc. » parce que c'est par là que les tons se distinguent les uns des autres.

[Wiering, p. 49-51.]