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Amerus,
Practica artis musice, 1271.


Édition moderne, CSM 25, C. Ruini éd.


Amerus décrit d'abord longuement la solmisation (chapitres 1-6) ; puis les intervalles, auxquels il donne le nom de modi: Ter terni sunt modi, « Il y a trois fois trois intervalles », demi-ton, ton, tierce mineure, tierce majeure, quarte, quinte, quinte et demi-ton, quinte et ton (chapitre 7) ; le chapitre 8 est consacré à la légende des marteaux entendus par Pythagore et aux origines de la musique.

Les chapitres suivants sont essentiellement une description des tons psalmodiques et de ceux des antiennes, des graduels, des introit. À la fin de sa discussion des tons psalmodiques (chapitre 11), Amerus donne cette précision importante:

Notum est autem quod in omnibus fere cantilenis organicis tonos invenio mixtos, in quibusdam locis plus debito elevantur, in quibusdam vero plus deprimuntur; hoc autem fit ut varietates notarum facilius habeantur. Denique si vis de quolibet cantu cognoscere cui tono subiaceat, principium, medium et finem prius perfecte considera et secundum predictas regulas de quolibet artificioso et proprio cantu certissime poteris diiudicare. Il faut noter que dans presque toutes les cantilenis organicis [c'est-à-dire les organa] on trouve des tons mélangés, qui en certains endroits montent plus haut qu'il faut, en d'autres descendent plus bas. Ceci se fait pour qu'on ait plus facilement des diversités de notes. Bref, si tu veux connaître dans quel mode se trouve n'importe quel chant, considère son début, son milieu et sa fin et selon les règles susdites tu pourras juger en toute certitude de n'importe quel chant artificiel ou propre.

C'est le premier texte qui applique les modes aux compositions polyphoniques. La façon de déterminer le ton fait évidemment référence à la règle Omnis cantus du Dialogus, qu'Amerus répète encore au chapitre 17 sous une forme un peu modifiée :

tonus quidem regula que de omni cantu in principio, medio, in fine diiudicat; non enim potest quis secundum artem deiudicare de cantu cui tono subiaceat, nisi, prius audierit principium, ascensum sive descensum et etiam finem. Le ton [est] une règle qui juge tout chant par son début, son milieu et sa fin; personne en effet ne peut juger selon l'art de quel ton serait un chant, à moins qu'il n'en ait d'abord entendu le début, la montée ou la descente, et la fin.