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Aurélien de Réôme,
Musica disciplina, c850.


Éditions modernes : GS I, p. 27-63 ; CSM 21 (L. Gushee ed.), p. 53-135.


Au chapitre II, Aurélien paraît associer les consonances d'octave, de quarte, de quinte et de ton, respectivement, aux quatre groupes de tons ecclésiastiques :

Primus hoc modo iam dictus Phitagoras repperit, qualiter proportionum varietas sonorum iungeretur concordie. Sint verbi causa quattuor mallei, qui subter insertos contineant numeros: xii, viiii, viii, vi. Hi igitur mallei qui xii et vi ponderibus vergebant diapason in duplo consonantiam concinebant ut hic: Antiphona Inclina Domine aurem tuam, et omnia quae in primo inveniuntur tono. Malleus xii ponderum ad malleum viiii et malleus viii ad malleum vi ponderum, secundum epitritam proportionem, diatessaron consonantiam perficiebant. Adest exemplum: Antiphona Confessio et pulchritudo, et cuncta que in tono autenti deuteri conscribuntur. VIIII vero ponderum ad vi, et xii ad viii, diapente consonantiam permiscebant, veluti hic: Antiphona Circumdederunt me, et cetera que in autentu trito inveniuntur. VIIII vero ad viii in sesquioctava proportione resonabat tonum, iuxta illud: Antiphona Puer natus est nobis, et omnia quae autenti tetrardi adscribuntur norme. Pythagore, on l'a dit, a constaté le premier comment la variété des proportions des sons se joint en consonance. Soient, par exemple, quatre marteaux qui correspondraient aux nombres 12, 9, 8 et 6. Alors les marteaux correspondaient aux poids 12 et 6 s'accorderaient à la consonance d'octave par le double, comme cette antienne Inclina Domine aurem tuam et toutes celles qui sont du premier ton. Les marteaux de poids 12 et 9, ou ceux de poids 8 et 6, feraient la consonance de quarte selon la proportion épitrite. Voici l'exemple : Antienne Confessio et pulchritudo et tout ce qui est attribué au ton du deuterus authente. Les poids de 9 et 6 ou de 12 et 8 se combineraient en consonance de quinte, comme dans l'antienne Circumdederunt me et les autres qui se trouvent en tritus authente. Le ton résonnerait en proportion sesquioctave entre 8 et 9, conformément à l'antienne Puer natus est nobis et toutes celles qui sont attribuées à la norme du tetrardus authente.
Etenim sunt iiii toni, scilicet autentus protus, autentus deuterus, autentus tritus, autentus tetrardus, qui geminati ex se viii reddere videntur, quos quidam latus, quidam autem discipulos nuncupant.
(CSM 21, p. 62-63)
Il y a en effet quatre ton, à savoir le protus authente, le deuterus authente, le tritus authente, le tetrardus authente, qui produisent entre eux huit tons jumelés, dont l'un est appelé latus, l'autre discipulos.

La nature exacte de ces associations n'est pas claire. Selon Jane Bellingham, « Aurelian of Réôme », The New Grove online, Aurélien attribue les mélodies citées aux tons mentionnés parce qu'elles contiennent les intervalles caractéristiques qu'il décrit, mais cette affirmation semble surinterpréter le texte ci-dessus.


Le chapitre VIII donne une définition générale des tons :

Diximus etiam octo tonis consistere in musicam per quos omnis modulatio quasi quodam glutino sibi adherere videtur. Est autem tonus minima pars musicae, regula tamen; sicut minima pars grammatice littera, minima pars arithmeticae unitas. Et quomodo litteris oratio, unitatibus catervus multiplicatus numerorum consurgit et regitur, eo modo et sonituum tonorumque linea omnis cantilena moderatur. Nous avons dit qu'il existe huit tons en musique, par lesquels toute mélodie se voit rendue cohérente avec elle-même comme par quelque glu. Le ton est la partie minimale de la musique et sa règle, de même que la partie minimale de la grammaire est la lettre, la partie minimale de l'arithmétique l'unité. Et de la même manière que l'oraison se forme et est régie par les lettres, le bataillon multiplié du nombre des unités, de même la ligne de toute mélodie est mesurée par les sons et les tons.
Difinitur autem ita: tonus est totius constitutionis armonice differentia, et quantitas quae in vocis accentu sive tenore consistit. On le définit ainsi: le ton est la différence de la constitution harmonique toute entière, et la quantité qui existe dans l'accentus (la « quantité » ?) ou tenore (« continuité » ?) des sons.

Aurélien discute ensuite l'origine grecque des termes authenticus et plagius, protus, deuterus, tritus et tetrarchus. Il associe aux tons les mots nonannoneane, noeane, etc. Il passe en revue chacun des tons, décrivant en particulier l'enchaînement entre les versets et l'antienne.


NM